mercredi 17 décembre 2008

Pourquoi la piste cyclable est-elle mieux entretenue l'hiver que les trottoirs ?

Le Devoir - Bernard Descôteaux

Déneigement - Pauvres piétons

Environnement Canada prévoit de 5 à 10 cm de neige pour la plupart des régions aujourd'hui. Rien pour paralyser le Québec, quoique les Montréalais, eux, regarderont tomber cette neige avec inquiétude, éprouvés qu'ils sont par les déficiences de leur service de déneigement.

Admettons d'emblée que déneiger les rues de Montréal ou de Québec n'est pas une mince affaire. Dans la métropole, le budget prévu à cette fin est de 128 millions, auxquels il faudra ajouter probablement 35 autres millions, comme l'an dernier. Dans la Vieille Capitale, ce sera 75 millions, ce qui est beaucoup plus per capita, mais les accumulations de neige y sont plus abondantes. Malgré cela, la palme de l'efficacité revient à cette dernière, où l'interdiction totale de stationnement les nuits de déneigement facilite la tâche.

Ce satisfecit donné à Québec n'empêche pas les citoyens de cette ville de râler. Ils l'ont fait abondamment cet automne lorsque le maire Régis Labeaume a annoncé que, pour économiser, seul un trottoir sur deux sera déneigé dans certaines rues. La pilule est d'autant plus amère que le budget 2009 prévoit des hausses de taxes moyennes de 2,3 %.

Ce qui fait le malheur des piétons de la capitale ferait pourtant le bonheur de bien des Montréalais. Dans certains arrondissements, les trottoirs ne sont tout simplement pas déneigés et quand les cols bleus s'y mettent, il est trop tard. La neige a été transformée en glace par les piétons qui, tant bien mal, se sont frayés un chemin.

Les Montréalais, qui pestent sans cesse contre l'administration Tremblay, n'ont pas toujours raison. Mais dans le cas du déneigement, ils ont de réels motifs de se plaindre. Le retard à réagir la semaine dernière à la première tempête de l'hiver a avivé le souvenir des déboires de la saison dernière. Entendre le jovialiste Marcel Tremblay, responsable des relations avec les citoyens, promettre une autre fois de faire mieux la prochaine fois est inquiétant. Craignons le pire pour aujourd'hui car la neige qu'on nous annonce recouvrira des trottoirs qui, en de nombreux endroits, sont tout simplement des patinoires. Il n'y aura pas d'autre solution que de marcher dans la rue.

La sécurité est l'objectif premier de la politique de déneigement de Montréal. Sur le site Internet de Montréal, on lit que «la sécurité des piétons ainsi que l'accessibilité au réseau de transport en commun, aux hôpitaux, aux écoles et aux institutions sont la priorité des opérations de déneigement». Ah bon! Pourquoi donc alors la piste cyclable du boulevard Maisonneuve est-elle mieux entretenue l'hiver que les trottoirs du centre-ville ?

Avant d'être automobilistes, usagers du transport en commun ou des taxis, tous, nous sommes d'abord piétons. La marche demeure le premier mode de locomotion dans la ville, mais les élus municipaux semblent l'oublier. Suggérons à Marcel Tremblay de faire une marche de santé le lendemain de la prochaine tempête. Peut-être comprendra-t-il mieux la réalité du piéton montréalais.

La grogne des Montréalais à propos du déneigement rappelle celle de voici quatre ans à propos des nids de poule dont le maire Tremblay garde un souvenir douloureux. Ces derniers mois, un effort de planification a été fait pour que les difficultés de l'an dernier ne se répètent pas. On a ainsi prévu qu'un plan spécial d'intervention sera mis en place lors de tempêtes majeures, soit lorsque l'accumulation sera de plus de 30 cm. Cela ne réglera pas pour autant le problème fondamental de coordination des opérations de déneigement entre les 19 arrondissements de Montréal. N'étant pas tous dotés des mêmes budgets, ils ne peuvent pas tous offrir la même qualité de service. Certains ne peuvent pas se permettre de déblayer tous leurs trottoirs. Pourtant, les Montréalais paient tous les mêmes taxes. Pour des raisons d'équité et d'efficacité, le déneigement devrait être confié à la ville centre.

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